Dans la mesure où des objets robotisés abstraits ne disposent pas a priori de capacités expressives par leur forme, comment leur attribuer un caractère comportemental, voire une personnalité, si ce n’est par leur animation, leur qualité de mouvement qu’il s’agit alors d’étudier, formaliser, implémenter et expérimenter selon une méthodologie itérative à la fois pratique, réflexive et pluridisciplinaire alliant philosophie, robotique, art, design, sciences cognitives et anthropologie. Depuis une dizaine d’années, sont développées des recherches et des créations sur de tels “objets à comportements” par une équipe pluridisciplinaire adossée au groupe Reflective Interaction d’EnsadLab. Initiés et coordonnés par Samuel Bianchini et Emanuele Quinz ces travaux visent à produire des réflexions et théories en dialogue étroit avec des expérimentations pratiques, avec des mises en œuvre et en public de tels objets.

À partir de la présentation de plusieurs réalisations artistiques est envisagée la conception de tels objets à travers une approche “agonistique”, à travers une mise en œuvre de formes conflictuelles. Même en fonctionnement, ces objets sont toujours en construction : dans une sorte de nouvelle perspective homéostatique, ils sont toujours à la recherche de leur équilibre. Ils doivent se battre pour cela, contre et pour leurs conditions d’existence. Exposer de tels objets, c’est exposer cette lutte. Elle nécessite maintenant de configurer des rapports de forces, internes comme avec l’environnement. Ce nouveau type de mise en scène consiste aussi à prendre en compte les dimensions esthétiques, symboliques et techniques réunies dans un même fonctionnement, de mêmes opérations, en temps réel. Est ainsi soulevée la possibilité d’un design agonistique, une manière de mettre en place les conditions d’une expérience et de modalités relationnelles sensibles et réflexives pour les objets et les humains.